CONFÉRENCE
Nikolaï Gogol (1809-1852) ou l’histoire d’une âme russe
Yves Jacquet
Président de l'association Théâtre & Ecriture
En préambule à la représentation théâtrale « Le Révizor » donnée le samedi 29 mai.
Dans le cadre des Conférences de l’Office de la Culture d'Ambérieu-en-Bugey et de l'université interâge de Bourg-en-Bresse.
« Nous sommes tous sortis du MANTEAU de GOGOL » (Dostoïevski)
En mêlant réalisme et fantastique, Gogol crée un univers qui fera école, celui du naturalisme russe. Les NOUVELLES DE PETERSBOURG publiées en 1835 tracent le visage fantomatique de la Perspective Neski où se confrontent des personnages en proie à l’emprise diabolique de la bureaucratie.
Du JOURNAL D’UN FOU à TARASS BOULBA en passant par la nouvelle LE MANTEAU, Nikolaï GOGOL rend compte du sentiment tragique de la vie et de son absurdité. C’est avec sa seule pièce politique, LE RÉVIZOR, qu’il dénonce avec humour la corruption des potentats locaux, au point de provoquer la réaction attribuée à Nicolas 1er : « tout le monde en prend pour son grade, moi le premier ».
Cependant ses séjours incessants en Europe masquent mal la montée de ses tourments intérieurs et l’expression de plus en plus exaltée de sa foi. La réécriture sans cesse reportée des AMES MORTES, dernier chef-d’œuvre de Gogol, à partir de 1847, révèle l’ampleur de la dépression qui l’agite. Son dernier geste avant de mourir en 1852 n’est-il pas de jeter au feu tout ce qu’il a écrit pour la deuxième partie de son roman ?
« Si mes héros sont proches du cœur, c’est qu’ils en sortent : toutes mes dernières œuvres sont l’histoire de mon âme ». (Nikolaï GOGOL)